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POUR UNE VISION ALTERNATIVE DE L’ORGANISATION DE LA PREVENTION A LA LUMIERE DES NOUVEAUX PARADIGMES  DU CANCER

                                               « …La Médecine est une science qui nous apprend…

                                                        à préserver la santé   quand elle existe… »

                                                            Ibn Sina (980-1037)-Le Canon de la Médecine

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                                 Je remercie le Dr D. Gueddoum et son équipe de l’Association EL Fedjr d’aide aux malades depuis 35 ans, pour l’honneur de m’avoir demandé cette contribution.

Le cancer est la plus redoutable des maladies, transcendant toutes les autres données en faisant un phénomène complexe et évolutif.

 Son expansion sans trêve malgré des progrès scientifiques extraordinaires notamment thérapeutiques et des sommes  astronomiques  dépensées soulève essentiellement le problème de sa prévention. La lutte contre les facteurs de risques classiques –mauvaise alimentation, sédentarité, alcool et surtout tabac (1/3 des cas)-- , peine à se généraliser et ne semble pas donner les résultats escomptés.

                              Elle doit donc être amplifiée, renforcée et  surtout renouvelée dans  son orientation et donc ses stratégies  parce que cette maladie est en train de se transformer, sous l’effet de sa tendance évolutionniste

Cette transformation est basée sur la remise en cause progressive  des trois paradigmes fondamentaux de la vision du cancer pendant le dernier siècle, biologique, démographique et topographique

                        Le premier, biologique, est la théorie de la mutation somatique comme primum movens  de toute cellule cancéreuse devenant le dogme basique  depuis la découverte de la structure en double hélice de l’ADN.

Or il semble que cette théorie soit erronée pour la plupart des cancers et commence à être déconstruite. Les mutations génétiques seraient des épiphénomènes et/ou des évènements post carcinogenèse.

D’autres théories sont à l’étude dont celle « du champ d'organisation tissulaire de la cancérogénèse ». Ce nouveau paradigme, en plus de son importance théorique, ouvre de nouveaux champs de réflexion sur les moyens de prévention.

                       Le deuxième est  la démographie : le cancer est lié classiquement au grand âge. Or il semble que les cancers apparaissent de plus en plus à un âge plus précoce que classiquement chez les générations X ( nés entre 1965 et 1980)et Y (nés entre 1980 et 2000) et qu’ils sont de plus en plus nombreux chez les jeunes (adolescents et jeunes adultes). Ainsi des études ont montré que le nombre de nouveaux cas de cancers d’apparition précoce a bondi dans le monde de près de 80 % en moins de trente ans.

Le cancer précoce pourrait même devenir  « une nouvelle épidémie mondiale émergente » dont les signaux d’alerte se multiplient et dont il faut identifier les facteurs de risque propres afin de mettre en place des stratégies de préventions adaptées et renouvelées..

                         Le troisième concerne  la topographie anatomique des cancers, établie depuis longtemps, qui  semble aussi se transformer remettant en cause les chiffres d’incidence classiques. 

En effet et très succinctement, des études constatent que les chiffres admis d’incidence de nombreux cancers commencent à changer soit à la hausse soit à la baisse. Par exemple, que les cancers du poumon classiquement dominants sont en régression, surtout chez les moins de 50 ans et notamment dans un certain nombre de pays riches, qui ont mis en place des politiques antitabac.  Alors qu’il y a une  hausse vertigineuse du cancer du pancréas, une hausse constante du cancer du sein, une baisse drastique du cancer du col de l’utérus et enfin une hausse du Cancer colorectal qui se déclare lui à un âge de plus en plus précoce. Les mélanomes cutanés et les cancer du rein augmentent aussi..

Face à ces trois types de transformation du paysage nosologique du cancer  il serait logique d’analyser plus finement les facteurs  de risques classiques et d’identifier la nature d’autres mécanismes causaux.

                                  Vu leur grande multiplicité, certains sont encore inconnus et constituent des éléments silencieusement pathogène et vu  leurs interactions complexes et leur caractère global on préfère les réunir sous le terme holistique d’exposome.

                                   Les progrès industriels modernes ont permis des transformations physico-chimiques, pratiquement, de toute notre alimentation et des objets d’utilisation courante et quotidienne , les plus connus (pratiquement des dizaines de milliers) et les plus cancérigènes (produits d’hygiène, pesticides) étant  « les polluants éternels  PFAS, PFOS..» sont devenus omniprésents voire envahissants.

                                   Ce sont donc essentiellement les activités et comportements humains individuels et collectifs,, les styles de vie  avec leur variabilité évolutives qui deviennent de plus en plus nocifs et cancérigènes 

Sans des mesures propres en faveur d’une prévention adaptée  aux données scientifiques modernes, le fardeau du cancer, risque de devenir si lourd que l’on perdra les bénéfices des progrès substantiels engrangés pendant des décennies.

Tous ces progrès scientifiques seraient vains s’ils ne sont pas encadrés et régulés par  une éthique rigoureuse et exigeante faite de bénévolat, probité morale et intellectuelle, transparence scientifique, et résistance aux conflits d’intérêt.   C’est le facteur décisif et la condition sine qua non de la réussite comme d’ailleurs pour toutes les maladies, comme le soulignait A Camus : 

                                     «  La meilleure façon de vaincre la Peste  c’est l’honnêteté »